7 idées associatives pour la transition
Quelques idées de missions associatives locales
Par Kristen (Aveyron) sur son site : http://www.arpentnourricier.org/
Voici une première série d’idées plus ‘bénévoles’, dans l’esprit de la transition. Il s’agit ici de se prendre en main au niveau local, sans attendre que le système tombe tout cru d’une entreprise ou d’une collectivité locale.
Catalogue de semences et boutures au niveau local — bourses d’échange
Je ne fais ici que reprendre l’idée de base de l’association Biodiva : favoriser la biodiversité au jardin en encourageant les échanges non-marchands de semences et boutures entre particuliers. L’association a peaufiné le concept des bourses d’échange de la façon suivante : il y a une grande table au milieu où tout le monde dispose les sachets ou boîtes de graines qu’il est prêt à donner sans états d’âme, et des petites tables tout autour où chacun peut présenter les graines des variétés qui lui tiennent un peu plus à coeur, afin d’échanger en quantités plus réduites et en apportant des précisions sur les plantes, les modes de culture, etc. On ne vend pas, on ne compte pas les points, on demande juste à ce que chacun joue à peu près le jeu de venir avec quelque chose.
Partage de jardins / planification concertée de jardins particuliers
Encore sur le thème du jardin, je reprends une idée présentée dans le documentaire In Transition 1.0 et pratiquée déjà à grande échelle par nos voisins d’outre-Manche : ceux qui ont un jardin mais n’en font rien se mettent en relation avec des voisins qui aimeraient faire pousser des fruits et des légumes s’ils avaient un peu de place. En échange, j’imagine qu’on partage une partie de la récolte.
Pour aller plus loin dans cette idée, une association qui disposerait ainsi d’une liste de jardiniers et d’une liste de jardins pourrait aussi choisir d’orienter les choix de culture des uns et des autres pour accroître la diversité des légumes produits par les membres de l’association sans trop compliquer chaque jardin. Ainsi il y n’y aurait pas plus que deux variétés de tomates dans chaque jardin, mais plus d’une dizaine de variétés dans les paniers de l’association, pourvu qu’on trouve un moyen simple de partager les récoltes.
Marché virtuel de particuliers
Une autre idée assez proche serait une association de jardiniers amateurs qui partagerait la liste des légumes qui poussent chez les uns et les autres avec les dates de maturité et les quantités, afin que chacun puisse faire son marché ‘virtuel’ à l’avance. Le jour de la récolte, on saurait tout de suite constituer les paniers selon les souhaits des uns et des autres. Il y aurait ainsi beaucoup moins de pertes que sur un marché où les invendus finissent à la poubelle, et les jardiniers n’auraient pas à cultiver tous les types de légumes eux-mêmes. Reste à savoir quel moyen de marchandage on pourrait mettre en oeuvre pour éviter les injustices tout en encourageant les gens à effectivement échanger.
Familles de quartier
Les familles d’aujourd’hui sont trop éclatées. On vit dans des familles nucléaires étriquées, entassées dans des appartements riquiqui, sans intermédiaire entre les liens de parenté immédiate et les liens professionnels distants. Il faut attendre les vacances pour voir les oncles et tantes, les grands-parents, les neveux ou les cousins, et encore pas toujours. Pour autant, si nos mamies habitent trop loin, il y a peut-être parmi nos voisines des mamies qui elles aussi sont loin de leur famille. Qu’est-ce qui empêche qu’un gamin aille dormir chez cette mamie de quartier ? Qu’un autre aille à la pêche ou faire du modélisme avec un papi de quartier ? Qu’on révise ses maths avec une grande cousine de quartier ? Naturellement, ce genre de liens peut se tisser spontanément si on arrive à faire vivre un quartier, en mélangeant suffisamment les générations et les gens. Mais peut-être qu’un coup de pouce aiderait à créer des liens un peu plus solides, au-delà de la simple amitié passagère.
Utopie, donc dangereuse, mais peut-on en tirer quelque chose ?
Cuisine de quartier
Quand on compte le temps que passent les uns et les autres à se faire chacun à manger à sa petite famille, on constate à quel point le modèle de la cuisine individuelle est inefficace. Au lieu de faire à manger seul(e) tous les jours pour une à trois personnes, il vaudrait mieux s’y coller une fois tous les quinze jours en équipe de cinq et pour cinquante personnes.
Souvent les éco-quartiers et les éco-villages se dotent de structures pour faire la cuisine collectivement, et la sauce prend assez rapidement quand les gens se rendent compte à quel point c’est plus sympa de faire la cuisine à plusieurs, et à quel point c’est pratique de pouvoir mettre les pieds sous la table le reste du temps. Après, rien n’oblige à manger tous ensemble tous les jours, et si on a besoin d’un peu de calme on devrait simplement pouvoir venir se servir en cuisine et remonter chez soi — pourvu qu’on s’acquitte régulièrement de son tour de popotte et de plonge et que ce ne soit pas toujours les mêmes qui s’y collent.
Chantiers tournants
C’est pareil pour le travail physique. Charrier de la terre tout seul, c’est pénible et chiant. Charrier de la terre avec des potes, c’est physique mais agréable. Alors plutôt que chacun peine cinq jours sur une tâche manuelle à son chantier, on passe une journée à cinq et on va chez quelqu’un d’autre la fois d’après. C’est comme cela qu’on fonctionne depuis maintenant plus d’un an avec six ou sept familles d’amis des environs, avec un chantier toutes les deux semaines le dimanche et le lundi (on vient à l’un et/ou l’autre jour, on apporte à manger pour partager le repas, on essaye d’être là au moins deux fois sur trois).
Pour celui qui organise, c’est un peu de préparation pour pouvoir accueillir quatre ou cinq ouvriers le même jour, mais ça motive et ça fait avancer le chantier.
Système d’échange local (il en existe un à AUCH !)
En fait, les chantiers tournants cités au-dessus sont une émanation du Système d’Echange Local cofondé il y a un peu plus d’un an avec quelques autres pionniers motivés. Si le but initial d’un système d’échange local est d’encourager le troc de biens, de savoirs et de services entre les adhérents au moyen d’une monnaie complémentaire indexée sur le temps passé, le but final est bien de créer du lien social et d’encourager des initiatives où les gens se prennent en main.
Pour l’instant, notre SEL a suscité la création de deux groupes de chantiers tournants, un groupe d’artisanat créatif, un groupe de jeunes parents qui organisent des sorties ensemble ou bien des gardes partagées, et j’ai bon espoir que ça continue.
Kristen