Café transition : L’encyclique du Pape
Une encyclique est une lettre adressée par le pape à tous les évêques, et parfois également à l’ensemble des fidèles. Elle est destinée à exposer à ses destinataires la position officielle de l’Église catholique sur un thème précis [merci Wikipedia].
Six chapitres, pour cette encyclique de 192 pages, qui sont les étapes d’une réflexion.
1. « Ce qui se passe dans notre maison »
Le Pape note l’accélération conjointe des changements de la planète et de notre rythme de vie au delà de la vitesse naturelle des rythmes biologiques. Il dresse un bilan de la situation environnementale sur différentes thématiques (climat, déchets, biodiversité, eau, etc.) puis discute de l’impact humain de tout cela (inégalités, santé, etc.) et des réactions et opinions différentes sur ces sujets.
2. « L’évangile de la création »
Où il est fait état des raisons d’un engagement en faveur de l’environnement dans la tradition judéo-chrétienne. Notamment, les textes sacrés demandent à l’homme de respecter les lois de la nature et ses délicats équilibres.
3. « La racine humaine de la crise écologique »
Où l’homme est reconnu comme la racine de la crise écologique.
– La technologie et le progrès : « La techno-science, bien orientée, non seulement peut produire des choses réellement précieuses
pour améliorer la qualité de vie […] mais encore est capable de produire du beau […] Mais nous ne pouvons pas ignorer que [ces technologies] nous donnent un terrible pouvoir. Mieux, elles donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur
le monde entier. Jamais l’humanité n’a eu autant de pouvoir sur elle-même et rien ne garantit qu’elle s’en servira toujours bien, surtout si l’on considère la manière dont elle est en train de l’utiliser. »
– La globalisation et le paradigme technocratique : « Le problème fondamental est autre […] : la manière dont l’humanité a, de fait, assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel […] [qui considère le monde comme] totalement disponible pour sa manipulation. […] Le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète qui conduit à la presser […] au-delà des limites ». « Il faut reconnaître que les objets produits par la technique ne sont pas neutres, parce qu’ils créent un cadre qui finit par conditionner les
styles de vie, et orientent les possibilités sociales dans la ligne des intérêts de groupes de pouvoir déterminés. Certains choix qui paraissent purement instrumentaux sont, en réalité, des choix sur le type de vie sociale que l’on veut développer ». « Aujourd’hui le paradigme technocratique est devenu tellement dominant qu’il est très difficile de faire abstraction de ses ressources, et […] de les utiliser sans être dominé par leur logique. C’est devenu une contre culture de choisir un style de vie avec des objectifs […] indépendants de la technique, de ses coûts, comme de son pouvoir de globalisation et de massification ». « Le paradigme technocratique tend aussi à exercer son emprise sur l’économie et la politique. L’économie assume tout le développement technologique en fonction du profit, sans prêter attention à d’éventuelles conséquences négatives pour l’être humain. Les finances étouffent l’économie réelle ». « La fragmentation des savoirs sert dans la réalisation d’applications concrètes, mais elle amène en général à perdre le sens de la totalité, des relations qui existent entre les choses ».
– Crise et conséquences de l ’ anthropocentrisme moderne : « L’anthropocentrisme moderne, paradoxalement, a fini par mettre la raison technique au dessus de la réalité, parce que l’être humain « n’a
plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni qu’elle lui offre un refuge vivant. »
4. « Une écologie intégrale »
« Étant donné que tout est intimement lié, [nous avons besoin] d’une écologie intégrale, qui a clairement des dimensions humaines
et sociales. »
– L’écologie environnementale, économique et sociale : « la croissance économique tend à produire des automatismes et à homogénéiser, en vue de simplifier les procédures et de réduire les coûts. C’est pourquoi une écologie économique est nécessaire, capable d’obliger à considérer la réalité de manière plus ample ».
– L’écologie culturelle : « Il y a, avec le patrimoine naturel, un patrimoine historique, artistique et culturel, également menacé. Il fait partie de l’identité commune d’un lieu et il est une base pour construire une ville ha-
bitable ». « La vision consumériste de l’être humain, encouragée par les engrenages de l’économie globalisée actuelle, tend à homogénéiser les cultures et à affaiblir l’immense variété culturelle, qui est un trésor de l’humanité. »
– Le principe du bien commun : « Dans les conditions actuelles de la société mondiale, où il y a tant d’inégalités[…] le principe du bien commun devient immédiatement comme conséquence logique et inéluctable, un appel à la solidarité et à une option préférentielle pour les plus pauvres. »
– La justice entre générations : « Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent […] ? Cette question ne concerne pas seulement l’environnement de manière isolée […] Quand nous nous interrogeons sur le monde que nous voulons laisser, nous parlons
surtout de son orientation générale, de son sens, de ses valeurs. »
5. « Quelques lignes d’orientation et d’action »
– Le dialogue sur l’environnement dans la politique internationale : « Il manque de cadres régulateurs généraux qui imposent des obligations, et qui empêchent des agissements intolérables, comme le fait que certains pays puissants transfèrent dans d’autres pays des déchets et des industries hautement polluants. »
– Le dialogue en vue de nouvelles politiques nationales et locales
– Dialogue et transparence dans les processus de prise de décisions : « La prévision de l’impact sur l’environnement des initiatives et des projets requiert des processus politiques transparents et soumis au dialogue, alors que la corruption, qui cache le véritable impact environnemental d’un projet en échange de faveurs, conduit habituellement à des accords fallacieux au sujet desquels on évite information et large débat. »
– Politique et économie en dialogue pour la plénitude humaine : « La politique ne doit pas se soumettre à l’économie et celle-ci ne doit pas se soumettre aux diktats ni au paradigme d’efficacité de la technocratie ». « certains réagissent en accusant les autres de prétendre arrêter irrationnellement le progrès et le développement humain. Mais nous devons nous convaincre que ralentir un rythme déterminé de production et de consommation peut donner lieu à d’autres formes de progrès et de développement. »
6. « Education et spiritualité écologiques »
« Beaucoup de choses doivent être réorientées, mais avant tout l’humanité a besoin de changer. […] Ainsi un grand défi culturel, spirituel et éducatif, qui supposera de longs processus de régénération, est mis en évidence. »
– Miser sur un autre style de vie : « Étant donné que le marché tend à créer un mécanisme consumériste compulsif pour placer ses produits, les personnes finissent par être submergées, dans une spirale d’achats et de dépenses inutiles ». » Un changement dans les styles de vie pourrait réussir à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social. »
– Education pour l’alliance entre l’humanité et l’environnement : « Pour que la norme juridique produise des effets importants et durables, il est nécessaire que la plupart des membres de la société l’aient acceptée grâce à des motivations appropriées, et réagissent à partir d’un changement personnel ». « Il ne faut pas penser que ces efforts n vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater, parce qu’elles suscitent sur cette terre un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible. En outre, le développement de ces comportements nous redonne le sentiment de notre propre dignité »
– La conversion écologique : « En premier lieu, elle implique gratitude et gratuité, [ensuite] la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté
des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle. »
– Joie et paix : « La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice. Ce n’est pas moins de vie […] mais tout le contraire ; car, en réalité ceux qui jouissent plus et vivent mieux chaque moment, sont ceux qui cessent de picorer ici et là en cherchant toujours ce qu’ils n’ont pas ».